Hong Kong se rend aux urnes après un incendie meurtrier
Hong Kong se rend aux urnes dimanche pour élire ses nouveaux législateurs conformément aux règles imposées par Pékin, les efforts du gouvernement pour encourager la participation ayant été éclipsés par l'incendie le plus meurtrier qu'ait connu la ville depuis des décennies.
Les bureaux de vote ouvrent à 7H30 (23H30 GMT samedi) dans tout le centre financier chinois pour élire 90 législateurs, dont seulement 20 sièges sont pourvus au suffrage direct.
La campagne électorale a été brutalement interrompue après l'incendie qui a ravagé les tours d'habitation de Wang Fuk Court, dans le nord de Hong Kong fin novembre, faisant au moins 159 victimes.
L'agence de sécurité nationale chinoise à Hong Kong (OSNS) a convoqué samedi des représentants des médias internationaux, dont l'AFP, pour une mise au point, les accusant d'avoir diffusé de fausses informations dans leurs reportages.
"Le Bureau ne tolérera aucune action des éléments anti-Chine et fauteurs de troubles à Hong Kong", pouvait-on également dans la déclaration en ligne de l'OSNS.
Lors d'une conférence de presse samedi, la police a mis en garde sur des scènes rappelant selon elles les manifestations pro-démocratie de 2019, se déroulant sur le principal site où les Hongkongais rendent hommage aux victimes de l'incendie.
Steve Li, commissaire divisionnaire du département de la sécurité nationale, a affirmé que des personnes y avaient distribué des tracts et affiché des slogans qui n'avaient "pratiquement aucun rapport avec la catastrophe et visaient uniquement à inciter à la haine".
Vendredi, le chef de l'exécutif, John Lee, avait exhorté la population à se rendre aux urnes, affirmant que leur vote était un symbole de réforme et de soutien aux victimes de l'incendie.
- "Chacun doit voter" -
"Tout en pleurant les victimes et en apportant notre soutien aux personnes touchées, nous devons aussi rester unis et soutenir ensemble les réformes… J'insiste sur le fait que chacun doit voter", a dit M. Lee aux journalistes.
Le gouvernement présentera un projet de loi lors de la première séance du nouveau Conseil législatif afin d'aborder les mesures de secours et de reconstruction, a fait valoir M. Lee.
Il avait précédemment annoncé la création d'une "commission indépendante" présidée par un juge, chargée d'enquêter sur l'incendie qui a ravagé sept immeubles d'habitation en rénovation.
Mercredi soir, la police avait arrêté 15 personnes de différentes entreprises de construction, soupçonnées d'homicide involontaire.
La police aurait également arrêté au moins trois personnes pour sédition à la suite de l'incendie, dont Miles Kwan, un étudiant de 24 ans qui distribuait des tracts réclamant des comptes du gouvernement.
De précédentes élections législatives à Hong Kong ont été marquées par de violents affrontements entre les camps pro-Pékin et pro-démocratie, ces derniers remportant souvent environ 60 % des suffrages.
Mais en 2020, Pékin a imposé une loi de sécurité nationale draconienne après que la ville a été secouée par d'importantes manifestations pro-démocratie, parfois violentes.
En 2021, Pékin a réformé le système électoral de Hong Kong afin de garantir que seuls les "patriotes" puissent occuper des fonctions publiques, et a considérablement réduit le nombre de sièges élus au suffrage direct.
Le premier scrutin organisé selon les nouvelles règles a enregistré un taux de participation historiquement bas de 30 %.
Certains députés pro-démocratie ont été emprisonnés, tandis que d'autres ont démissionné ou ont fui Hong Kong.
Le scrutin de dimanche, qui permettra d'élire un second groupe de législateurs selon les nouvelles règles, se déroulera à nouveau sans les deux principaux partis pro-démocratie : le Parti civique, dissous en 2023, et le Parti démocrate, en déclin.
Environ un tiers des députés sortants, dont des figures emblématiques comme Regina Ip et le président de l'Assemblée législative, Andrew Leung, ne briguent pas de nouveau mandat.
Parmi les nouveaux venus, on compte la championne olympique d'escrime Vivian Kong, candidate dans la circonscription dédiée au tourisme – où le vainqueur est désigné par les représentants du secteur et non par le suffrage universel.
La dissidence à Hong Kong a été quasiment étouffée depuis l'instauration par Pékin de la loi sur la sécurité nationale, après des manifestations massives et parfois violentes de 2019.
(V.Sørensen--DTZ)