Deutsche Tageszeitung - Au Portugal, une crise du logement qui n'en finit pas

Au Portugal, une crise du logement qui n'en finit pas


Au Portugal, une crise du logement qui n'en finit pas
Au Portugal, une crise du logement qui n'en finit pas / Photo: © AFP

Faute de pouvoir payer un loyer, Antonio Lemos, un aide-cuisinier à la retraite, vit dans une maison abandonnée en plein Lisbonne, victime de la crise du logement aiguë traversée par le Portugal, où les prix de l'immobilier ont plus que doublé en dix ans.

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Depuis que son appartement a été racheté par des investisseurs étrangers, ce retraité de 80 ans, qui touche une pension à peine supérieure à 500 euros, n'a plus retrouvé de logement stable et vit sans eau ni électricité.

"Comment payer un loyer de 400 ou 500 euros pour une chambre?", soupire-t-il. "L'âge avance et j'ai peur", confie à l'AFP ce Lisboète, qui s'est résigné à attendre qu'une institution caritative lui trouve une solution d'hébergement.

Confronté à une crise du logement parmi les plus graves d'Europe, le gouvernement portugais de droite, reconduit en mai après des élections anticipées, a fait de ce sujet une de ses priorités.

Mais les mesures qu'il a déjà annoncées ont été jugées insuffisantes, et un collectif pour le droit au logement appelle à manifester ce week-end dans une douzaine de villes portugaises.

La hausse des prix de l'immobilier s'est enclenchée à partir de 2011.

Alors placé sous perfusion financière de l'UE, le pays a décidé d'attirer des capitaux étrangers en offrant des "visas dorés" aux investisseurs immobiliers et en proposant des avantages fiscaux aux retraités européens ou aux nomades numériques.

- 124% d'augmentation en dix ans -

Résultat: depuis 2015, les prix de l'immobilier au Portugal ont augmenté de 124%, contre une hausse de 53% en moyenne dans l’UE, selon Eurostat.

Au premier trimestre 2025, les prix ont encore bondi de plus de 16%, un record historique, selon l'Institut national des statistiques.

Cette nouvelle flambée s'explique notamment par la baisse des taux d'intérêt et la garantie publique accordée aux jeunes pour les nouveaux prêts immobiliers, une des mesures déjà prises l'an dernier pour faciliter l'accès au logement.

Dans un pays où le parc locatif public représente moins de 2% des foyers et où de nombreux logements sont utilisés pour des locations touristiques de courte durée, cette pression retombe aussi sur les locataires.

Dans un quartier en pleine transformation, Carlos, 55 ans, qui préfère ne pas donner son nom de famille, vit depuis cinq ans dans un container cerné par des chantiers.

A l'intérieur, un matelas sommaire, quelques effets personnels et des oiseaux en cage pour lui tenir compagnie.

Après le décès de sa mère, avec qui il vivait, le bail est résilié et, du jour au lendemain, il s'est retrouvé à la rue et peine à retrouver un toit.

- "Illusion de l'offre" -

"Je n'ai rien trouvé à moins de 800 euros", témoigne ce jardinier municipal dont le salaire avoisine les 1.000 euros. "Avoir un salaire et ne pas pouvoir payer un loyer, c'est inacceptable!".

Dans un pays où plus de 70% de la population est propriétaire de son logement, le nouveau gouvernement entend construire près de 60.000 nouveaux logements sociaux.

Il a aussi inscrit dans son programme des mesures visant à simplifier les aides publiques à la location, convertir les immeubles publics vacants, ou accélérer la rénovation et la construction grâce à des avantages fiscaux.

"Ce n'est pas avec davantage de logements que cette crise va se régler", car cela risque au contraire de "surchauffer le marché", met toutefois en garde Luis Mendes, chercheur à l'Institut de géographie et d’aménagement du territoire.

L'association des locataires lisboètes critique de son côté "l'illusion de l'offre comme solution unique" et dénonce un "manque de régulation et de courage politique".

Même la Commission européenne suggère au Portugal de prendre "des mesures de régulation des loyers pour protéger les groupes les plus touchés" ou de réglementer davantage les locations touristiques de courte durée.

Les mesures adoptées par les gouvernements successifs se sont révélées "inefficaces", regrette M. Mendes soulignant qu'"année après année l'immobilier bat de nouveaux records".

(P.Tomczyk--DTZ)

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