Deutsche Tageszeitung - Dans les Pyrénées, les lacs de montagne "sentinelles" du réchauffement climatique

Dans les Pyrénées, les lacs de montagne "sentinelles" du réchauffement climatique


Dans les Pyrénées, les lacs de montagne "sentinelles" du réchauffement climatique
Dans les Pyrénées, les lacs de montagne "sentinelles" du réchauffement climatique / Photo: © AFP

Equipée de son matériel scientifique et d’une belle endurance, une équipe de chercheurs se hisse jusqu’aux lacs de montagne sauvages des Pyrénées où elle a détecté des particules polluantes en quantité importante.

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Dirk Schmeller, enseignant-chercheur rattaché à l'Institut national polytechnique de Toulouse, a co-signé en avril une étude avec sa collaboratrice et compagne Adeline Loyau, révélant la présence de 151 molécules toxiques dans huit lacs d'altitude des Pyrénées.

Appareils de mesures, pipettes, épuisette... Le scientifique allemand, spécialisé dans l'écologie fonctionnelle, et trois membres de son équipe réalisent une batterie de tests à plus de 1.600 m d'altitude au-dessus d'Aulus-les-Bains, au fond d'une vallée ariégeoise.

Si les glaciers, qui auront disparu dans les Pyrénées à l'horizon 2050, sont les témoins les plus parlants du changement climatique, "les lacs sont une source de vie et sont très sensibles, donc ils en sont un bon indicateur", affirme Dirk Schmeller, 51 ans.

"Ce sont les sentinelles du réchauffement climatique, ajoute-t-il. Je vais dans la montagne depuis un moment, je vois tous les changements, et pour valider ces changements, j'ai besoin de faire des analyses scientifiques".

- L'action de l'homme -

En tout, le chercheur, installé près de Saint-Girons, en Ariège, depuis 2007, et son équipe se rendent trois fois par an sur chacun des 28 lacs pyrénéens pour y prendre des mesures. L'évolution de la température, de l'acidité, du taux d'oxygène est étudiée, mais aussi celle de la biodiversité présente dans ces étendues d'eau de moins d'un hectare.

En mettant à profit sa spécialisation en zoologie, M. Schmeller examine les zooplanctons, aux premières loges face aux modifications de l'écosystème, et effectue de surprenants tests à l'aide d'écouvillons sur les têtards.

Le but est de déceler sur eux des maladies symptomatiques de la dégradation de la qualité de l'eau.

"La proportion d'algues potentiellement toxiques a aussi augmenté, c'est un effet des changements globaux induits par l'action de l'homme, l'introduction de poissons, la hausse des températures, la pollution", énumère Dirk Schmeller, dont les travaux pyrénéens ont débuté en 2007.

Parmi ces problèmes majeurs, la présence massive de deux molécules toxiques, le diazinon et la perméthrine, utilisées notamment comme répulsifs contre les insectes, et amenées en altitude par les troupeaux en estive ou par les randonneurs.

Pour mener à bien ses analyses, le scientifique intègre des spécialistes de plusieurs disciplines à ses équipes: chimie, microbiologie, zoologie, mais aussi étude de la qualité de l'eau, comme c'est le cas pour Pauline Benzi, doctorante associée à l'expérience, qu'elle juge "cohérente" avec la nécessité de protéger l'environnement.

- Lanceur d'alerte -

En contemplant l'eau claire de l'étang d'Alate, perché à 1.868 m d'altitude et surplombé par les sommets rondelets ariégeois, Dirk Schmeller déplore également la présence de DDT, un insecticide interdit depuis les années 1970, charrié par les pluies.

"On en trouve même aux pôles Nord et Sud, évidemment qu'on en trouve ici", assène ce scientifique aux cheveux grisonnants, qui précise que la crème solaire, véhiculée par les touristes, est un autre facteur polluant.

Dirk Schmeller et Adeline Loyau se sont réjouis du bel écho médiatique rencontré par leur étude. Selon eux, "la santé environnementale, animale et humaine sont liées. Si on détruit les lacs de montagne, on prend plus de risques d'être malades!"

Le chercheur tente d'ailleurs d'alerter au sujet de ce danger, en partageant les coulisses de ses recherches et en les vulgarisant sur une chaîne YouTube.

"Face au changement climatique, à la perte de la biodiversité, tout le monde doit être prêt à changer de mode de vie, notre façon de consommer, notre confort, notre luxe", estime-t-il.

"C'est important pour nous de sensibiliser tous les publics car on ne peut pas continuer comme on le fait" ajoute-t-il.

(V.Sørensen--DTZ)

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