Deutsche Tageszeitung - Heurts et huées contre Macron, l'ouverture du Salon de l'agriculture au public est retardée

Heurts et huées contre Macron, l'ouverture du Salon de l'agriculture au public est retardée


Heurts et huées contre Macron, l'ouverture du Salon de l'agriculture au public est retardée

Les organisateurs ont décidé de retarder samedi l'ouverture au public du Salon de l'agriculture, après l'irruption de centaines de manifestants pendant l'entretien d'Emmanuel Macron avec des responsables syndicaux, qui a entraîné des heurts et le déploiement exceptionnel de CRS dans les allées.

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"J'appelle tout le monde ici au calme", a déclaré le chef de l'Etat à la sortie de la réunion avec les syndicats après plusieurs semaines de crise agricole, dans laquelle il leur a notamment annoncé la création d'un "prix plancher" pour mieux rémunérer les agriculteurs, et des aides de trésorerie d'urgence.

Il n'a pas confirmé s'il annulait ou maintenait la déambulation habituelle dans le salon, qui semble de plus en plus impossible à réaliser en sécurité.

"Vous entendez les énervements dès ce matin et je le dis pour tous les agriculteurs, vous n'aidez aucun de vos collègues en cassant des stands, vous n'aidez aucun de vos collègues en rendant le salon impossible et en quelque sorte en faisant peur aux familles (d')y venir. C'est contreproductif", a affirmé le président de la République, qui a annoncé qu'il proposait de revoir les organisations syndicales dans trois semaines à l'Elysée.

Peu après 08H00 et son arrivée dans l'enceinte du parc des expositions parisien de la Porte de Versailles, des dizaines puis des centaines de manifestants, certains munis de sifflets, ont forcé une entrée et rejoint le pavillon principal, où des heurts se sont produits avec le service d'ordre, avant le déploiement de CRS casqués.

Reconnaissables à leurs drapeaux et casquettes distinctives, les manifestants comptent des agriculteurs exaspérés de la Coordination rurale (jaune), de la FNSEA (rouge ou vert) et des Jeunes agriculteurs.

Ils sont entrés dans l'évènement sans être fouillés avant l'ouverture officielle. Cherchant le président de la République dans les allées, ils en sont venus aux mains avec le service d'ordre qui tentait de les stopper, et des coups ont été échangés.

"La chasse au Macron est ouverte!" ont scandé des militants de la FNSEA. "Il est où?" crient certains.

De nombreux CRS ont soudain été déployés à l'intérieur et les manifestants ont été contenus, mais les sifflets et huées ont rendu la scène assourdissante.

- Pagaille générale -

Ces échauffourées ont provoqué le report provisoire de l'ouverture - initialement prévue à 09H00 - du 60e Salon de l'agriculture, le plus grand salon de France, qui attendait 600.000 visiteurs sur neuf jours.

"Dans le contexte actuel les conditions ne sont pas réunies pour que nous puissions ouvrir les portes aux visiteurs sereinement", ont indiqué les organisateurs à l'AFP, sans être en mesure de donner un nouvel horaire.

Quand Emmanuel Macron s'exprime devant la presse à la sortie de la réunion, des groupes se forment autour des téléphones pour écouter son intervention ou commenter en direct sur les boucles WhatsApp.

A l'intérieur, "on n’a pas appris grand chose mis à part un engagement sur les prix planchers, à déterminer en fonction du coût de production", a dit à l'AFP Laurence Marandola, porte-parole de la Confédération paysanne, le syndicat altermondialiste.

Il s'agit selon les syndicats d'un nouvel engagement qui irait au-delà des lois actuelles "Egalim" censées garantir la rémunération des producteurs.

Emmanuel Macron a aussi annoncé à la presse s'être engagé à inscrire dans la loi "notre agriculture et notre alimentation comme un intérêt général majeur de la nation française".

"Y a rien, y a pas de date, y a pas d'écrit", réagit Fabien Pitois, 24 ans, en cours d'installation en lait et volailles en Vendée.

"Si on ne fait rien là, l'élevage dans 10 ans, c'est terminé en France", redoute-t-il, tout en estimant qu'"il faut respecter les stands, il ne faut pas casser, y a des collègues qui ont travaillé".

Les présidents français passent généralement des heures, voire la journée entière, au Salon, et les incidents ne sont pas inhabituels. Nicolas Sarkozy avait lancé "Casse-toi, alors, pauvre con!" en 2008 à un homme qui refusait de lui serrer la main. François Hollande s'était fait huer et insulter par des éleveurs en 2016.

La crise, qui couvait depuis l'automne, a explosé à partir du 18 janvier, menant à deux semaines de blocages d'autoroutes, finalement levés le 1er février. Le Premier ministre Gabriel Attal a fait plusieurs salves d'annonces sur des dizaines de sujets.

Les adhérents des syndicats majoritaires, surtout dans les grandes cultures céréalières, ont été furieux d'apprendre que l'Elysée avait cité le collectif radical des Soulèvements de la Terre parmi les possibles participants à un débat samedi avec le président de la République, finalement annulé devant la bronca.

Emmanuel Macron a affirmé samedi n'avoir "jamais songé initier" une invitation au collectif écologiste radical qui s'était illustré en mars 2023 lors d'une journée d'affrontements autour d'un chantier de réservoir artificiel d'eau à Sainte-Soline (Deux-Sèvres) et que le gouvernement a échoué à dissoudre.

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(O.Tatarinov--DTZ)