Dermatose: les actions se multiplient dans le Sud-Ouest, à la veille d'une visite de Genevard
Routes bloquées ou déversement de lisier dimanche: des éleveurs de bovins multiplient les actions dans tout le Sud-Ouest, avant la venue lundi à Toulouse de la ministre de l'Agriculture, Annie Genevard, dont ils contestent la gestion de l'épidémie de dermatose nodulaire contagieuse (DNC).
En fin d’après-midi, 27 actions étaient recensées, rassemblant un peu plus de 1.000 agriculteurs, selon le ministère de l'Intérieur.
"Il y a des nouveaux blocages en cours (...) ça continue et ça se développe", a déclaré à l'AFP Bertrand Venteau, président de la Coordination rurale, syndicat très opposé, comme la Confédération paysanne, à l'abattage généralisé des bêtes des foyers affectés, exigeant une large vaccination du cheptel français de 16 millions de bovins contre cette maladie non transmissible à l'homme.
En Ariège, non loin de la ferme de Tarascon-sur-Ariège où 200 vaches ont été abattues cette semaine après des heurts entre agriculteurs et forces de l’ordre, près de 150 éleveurs et exploitants agricoles occupaient malgré le froid un rond-point et bloquaient la route vers l'Andorre, a constaté un journaliste de l’AFP.
Une cinquantaine d'agriculteurs, sous les applaudissements de manifestants et badauds, ont aussi recouvert dimanche la sous-préfecture de Millau (Aveyron) de lisier, paille et pneus usagés.
Sur l'A64, bloquée depuis vendredi soir sur plus d'une centaine de kilomètres du Pays basque à l'est de Tarbes par des dizaines de tracteurs, des agriculteurs ont installé des sapins de Noël.
"On est parti pour passer les fêtes ici", a assuré à l'AFP Cédric Baron, agriculteur-éleveur de bovins à Montoussin (Haute-Garonne), mobilisé à Carbonne, point de départ d'un précédent mouvement de protestation agricole en janvier 2024.
- "Aucun foyer actif" -
"Quand il y a une bête malade, tout le monde est d'accord pour l'abattre, mais tuer des troupeaux entiers, alors qu'il faut des années pour monter une génétique et monter un troupeau, on est totalement contre", a expliqué à l'AFP Christophe Guénon, éleveur de vaches et maraîcher en bio, près de Bordeaux.
La ministre de l'Agriculture, soutenue sur ce dossier par l'alliance syndicale majoritaire FNSEA-Jeunes Agriculteurs, a défendu "un protocole qui a très bien fonctionné" depuis l'apparition du premier cas en France de cette maladie, en juin, en Savoie. Elle a affirmé samedi qu'il n'y avait "aucun foyer actif de DNC sur le territoire français".
Alors que M. Venteau estime que "c'est maintenant que la vaccination doit se décréter, sinon on va avoir un drame dans moins d'un mois" et que "tout le sud de la Loire sera contaminé", la ministre a répondu dimanche que "le virus n'est pas aux portes de chaque élevage".
- "Dialogue franc" -
Lundi, Mme Genevard se rendra à la préfecture de Haute-Garonne pour une "réunion de crise sur la situation sanitaire et la campagne vaccinale" qui concerne un million de bêtes, le gouvernement restant très prudent quant à une possible généralisation de la vaccination.
Celle-ci "placerait la France comme une zone à risque et donc ça ferait peser un risque économique sur toute la filière agricole", a plaidé dimanche Sébastien Martin, ministre délégué chargé de l'Industrie.
La présidente socialiste de la région Occitanie, Carole Delga, a demandé dimanche au Premier ministre Sébastien Lecornu "d'intervenir afin de garantir, dans les plus brefs délais, un dialogue franc et sincère avec les agriculteurs".
Le dialogue est déjà "permanent", a soutenu la porte-parole du gouvernement, Maud Bregeon.
D'autres dossiers brûlants comme la baisse annoncée du budget de la Politique agricole commune (PAC) européenne et l'accord de libre-échange prévu entre l'UE et des pays du Mercosur alimentent aussi la colère des agriculteurs.
La France a demandé dimanche à l'UE de reporter des "échéances" prévues cette semaine pour la signature de cet accord commercial, estimant que les conditions ne sont "pas réunies pour un quelconque vote" des Etats européens, a indiqué Matignon.
La Commission européenne vise un feu vert des Etats membres de l'UE entre mardi et vendredi. Sa présidente, Ursula von der Leyen, veut parapher le texte le 20 décembre lors d'un sommet Mercosur au Brésil, avant une adoption au Parlement européen début 2026.
Mais "dans sa forme actuelle, le traité n'est pas acceptable", a redit dimanche le ministre de l'Économie, Roland Lescure.
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(O.Zhukova--DTZ)